De quoi s’agit-il dans ces quelques pages ?
D’évoquer l’envers du décor, les coulisses de la création en quelque sorte. De montrer ce que le spectateur ne voit jamais ou rarement ou quelquefois mis en scène : l’atelier du sculpteur…
Réticents les mots…C’est qu’ils savent résister, les bougres, dans l’atelier d’un sculpteur. De longues heures de silence, de travail acharné…Taciturne, le sculpteur ? Non, il parle simplement une autre langue, celle qu’il trace dans les lignes de ses sculptures. Son stylo ? la mirette, l’ébauchoir…
Que d’histoires taillées au fil des heures dans la chair de l’argile …. Que d’aventures, d’émotions dans la
naissance d’une œuvre…les hésitations, les doutes, les colères parfois, je sais les retrouver dans l’œuvre achevée. La tension d’un muscle, l’élan d’un corps tout entier s’écrivent lentement. Dans les sillons des rides que j’ai tracées sur un visage, j’ai inscrit toutes les souffrances et les aventures d’une vie. En créant une œuvre, je lui donne un passé…Pas si loin de la démarche de l’écrivain, non ?
Une autre histoire s’écrit parallèlement, celle du créateur, prisonnier et amoureux de sa création, qui, pour une fois, consent à montrer l’envers du décor qui le trahit, le dévoile, le met à nu, sans maquillage ni artifice ; mise en abyme car la démarche est semblable à la sienne :
en dépouillant ses personnages, en les fouillant jusqu’à l’os, il tente de faire naître patiemment une parcelle d’humanité, un brin de fragilité. Force de la création, fragilité du créateur. En permettant en toute humilité cette intrusion dans mon atelier, c’est mon histoire qui s’écrit, mais que j’hésite à mettre au jour non représentée…